Oeil de perdrix, hypekératose, kératome et verrue plantaire

- maladies fréquentes récidivantes

La peau est un « tissu » comme un autre, elle enveloppe le corps, elle est d’épaisseur différente selon la localisation, très fine au niveau des paupières (quelques mm), plus épaisse au niveau du tronc et des hanches, elle atteint 8 à 10 mm au niveau de la plante du pied.

Mobile sur le dos de la main et au niveau des paupières, elle est fixe et « adhérente » au niveau de la plante. En continuel renouvellement, la partie superficielle de la peau dite «Epiderme», est constituée par des couches de cellules, chaque couche est faite de cellules étalées, les unes à côté des autres et apposées comme des tuiles dont le grand axe est parallèle à la surface ; ces cellules s’aplatissent, et au fur et à mesure que les couches remontent vers la surface, elles perdent en épaisseur et elles finissent par se dessécher et tomber. La couche superficielle s’appelle la couche cornée. Et la peau qui tombe est dite parfois de la «corne». (Fig. ci-contre)

La «biomécanique» de la peau

La peau est un tissu comme un autre, sa qualité première est l’élasticité, elle peut supporter des élongations lors de perte de poids et revenir à la forme initiale si l’individu perd du poids. Dans certains cas de déformations, cette élasticité est dépassée, et la peau peut se «craqueler» donnant des «vergetures». Sur les régions mobiles, face aux articulations des doigts ou des orteils, l’élasticité est encore plus grande. L’adhérence aux tissus profonds est une autre qualité mécanique, légère au niveau du dos de la main, elle est très adhérente au niveau de la plante du pied.

La spécificité est qu’il est l’enveloppe du corps, tout le corps (sauf dans les régions où il y a des orifices ou la peau se continue par des muqueuses) et de ce fait, il
possède plusieurs rôles :

  • Protection du corps
  • Participe à la «thermorégulation»

Raison mécanique

Quand la peau est sollicitée, par des pressions répétées, elle souffre, et réagit toujours de la même façon. Si le frottement siège sur une zone mobile, tel que face à une articulation, une rougeur se forme face à l’articulation. A cause des mouvements, un décollement a lieu, il se forme une «poche» qui finit par contenir du liquide, et constitue alors une «bursite». Certaines fois, et surtout s’il n’y a pas de mobilité face à l’articulation, le frottement créé des couches de cellules plus nombreuses, et la peau réagit à la sollicitation mécanique par une augmentation du nombre de couches de cellules. Elle finit par constituer des zones épaisses, dites zones d’hyperkératose.

L’hyperkératose et le kératome

Le cor

Etymologiquement c’est un excès de kératine : Il s’agit d’une réaction histologique à une contrainte répétitive mécanique. C’est une appellation qui tient de la « kératose » excessive, la kératine étant la substance engendrée, par la peau elle-même, la « corne » inerte qui n’est autre que le tissu dégénératif de la mort des cellules superficielles des couches de la peau, l’«hyperkératose» est la traduction de la souffrance de la peau c’est-à-dire que la peau s’épaissit pour devenir plus «résistante»

Le kératome

Appellation topographique, le « kératome » est une zone de souffrance cutanée c’est-à-dire d’épaississement de la peau pour la rendre plus «résistante». C’est une hyperkératose dont l’aspect histologique s’organise, se durcit et se perce en son milieu, et peut se surinfecter, et c’est cet aspect dur, rigide, plus ou moins infecté qui est à la base de la douleur.

Le traitement

Le traitement de l’hyperkératose et /ou d’un kératose qui sont des lésions cutanées, quel que soit sa topographie, obéit aux mêmes principes (Cf. Griffes des orteils) :

Le traitement Médical conservateur qui est tout d’abord un traitement symptomatique est suivi en cas d’échec ou de récidive, d’un traitement radical, étiologique lui, et qui est le plus souvent chirurgical.

Le Traitement Médical conservateur est essentiellement symptomatique, il est constitué par :
  1. Un chauffage confortable
  2. Les soins cutanés locaux : crèmes, pommades, solutions
  3. La pédicurie
  4. L’orthèse plantaire
Le traitement de la cause ou « étiologique » est le plus souvent chirurgical et se borne à résoudre la problématique mécanique qui dans la majorité des cas est percutané ou mini-invasif.

Quand le traitement médical a échoué ou quand la lésion récidive et devient chronique, ou encore quand la lésion cutanée s’associe à une déformation « irréductible ». Il consiste à corriger la déformation ou parfois se contente de réduire l’aspect irréductible en rendant à l’orteil une mobilité, et la possibilité dans la chaussure d’éviter le frottement de la chaussure. Il associe, à la carte, un ou plusieurs des actes suivants :

01
Ténotomie

de l’extenseur de l’orteil quand celui-ci est rétracté. Fait de façon intra-synoviale, avec un « beaver », il se fait par voie percutané. Il peut concerner les tendons fléchisseurs Court fléchisseur (CF) et Long Fléchisseur (LF), fait également au « beaver » et ne nécessite pas de suture. Indiqué dans les griffes des orteils ou les « clinodactylies ».v

02
Allongement tendineux

Par voie per cutanée ou à « ciel ouvert », notamment pour les tendons volumineux, un allongement en « Z » avec suture au fil fin non résorbable est indiqué. C’est le cas de l’extenseur propre du gros orteil.

03
Capsulotomie

Il s’agit de la section de la capsule articulaire. Dans une griffe par exemple, la capsulotomie articulaire de l’articulation inter phalangienne, s’impose parfois, elle se fait par voie plantaire.

04
Ostéotomie

C’est la section de l’os en vue d’une correction axiale, peut être faite de différente manières : à la scie oscillante, ou à la mèche simple de faible diamètre ( ou la mèche-fraise de Shannon) qui réalise des orifices dans l’os et qui fragilise l’os, créant une succession d’orifices dans l’os (donnant une image de timbre-poste) conservant un pont osseux savamment prévu qui peut être complétée par une manoeuvre manuelle.

 

Ostéotomie. En armant l’ostéotomie par une vis ou sans ostéosynthèse, en enlevant un coin ou parfois sans en enlever , simplement en faisant glisser la tête

05
Arthroplastie

Consiste à supprimer une des deux surfaces articulaires d’une articulation d’un orteil comme l’articulation inter-phalangienne, permet de corriger l’axe et aligner l’orteil : griffe d’un orteil.

06
Arthrodèse

consiste à supprimer les deux surfaces articulaires d’une articulation d’un orteil comme l’articulation inter-phalangienne, permet de corriger l’axe et aligner l’orteil : griffe d’un orteil, en bloquant l’articulation, par le maintien d’une broche provisoire ou par la mise en place d’un implant. L’inconvénient est qu’elle supprime définitivement la mobilité de l’articulation, c’est un choix thérapeutique.

L’œil de perdrix et la « Verrue plantaire »

L’œil de perdrix

Appellation topographique, le « cor » est une zone de souffrance cutanée, c’est-à-dire d’épaississement de la peau pour la rendre plus «résistante». Le cor se forme suite à un frottement répétitif. Chronologiquement, il peut succéder à une bursite inflammatoire, ou se constituer directement. Il est alors en quelque sorte, la forme «sèche» de la bursite. La douleur accompagne soit le processus inflammatoire, soit la formation d’un kératose.

Traitement : les soins locaux de pédicurie, un chauffage confortable, une mobilisation des orteils enraidis par la déformation, le port d’une orthoplastie en « mousse » ou en tissu siliconé peuvent réduire les frottement

Appellation topographique, l’ « oeil de perdrix » est une zone de souffrance cutanée, siégeant sur la face médiale ou latérale d’un orteil. En fait, il s’agit du résultat plus ou moins ischémique d’un frottement entre deux orteils qui présentent tous les 2 (ou pour l’un des deux) une déformation irréductible, il s’agit alors d’un amincissement circulaire de la peau avec une disparition progressive de la vascularisation capillaire dans la zone de frottement, elle devient douloureuse lorsqu’elle se complique d’une infection qui peut atteindre l’os, ou d’une surinfection mycotique, si le milieu est humide. Un bilan radiologique et un examen biologique doivent pouvoir éliminer une complication dangereuse : l’ostéite.

Lorsque la déformation est ou devient irréductible, et que le frottement est excessif, une réaction cutanée a lieu avec au début, une hyperkératose, qui sera suivie d’une nouvelle étape, si le frottement persévère et s’aggrave, d’une « vasoconstriction centrale capillaire » qui consiste en un amincissement central et une lésion avec ouverture et souvent surinfection, qui se colore comme le kératose d’un point foncé qui donne l’image d’un « OEil ».

Le traitement est médical d’abord, il consiste en des soins locaux de pédicurie, un chaussage plus confortable, en ce sens plus large, une mobilisation des orteils enlaidis par la déformation, le port d’une orthoplastie, la nuit au moins ou la mise en place d’un séparateur en « mousse » ou en tissu siliconé qui peuvent réduire les frottements, et suffire, au début.

Le traitement chirurgical, est la solution quand le traitement médical échoue. Il conciste en une correction chirurgicale de la déformation. C’est le seul moyen qui permet de diminuer les risques de rechute.

Oeil de perdrix en voie de guérison

 

Oeil de perdrix en voie de guérison

La simple excision engendre une perte de substance : PDS (petite mais réelle) qui doit être complétée par une couverture telle qu’une plastie de glissement cutané. Le risque de récidive est grand si l’aspect irréductible n’est pas traité. Le but alors de l’acte opératoire est la suppression du frottement, par la suppression de la déformation, ou de son caractère irréductible.

Le traitement de la cause c’est-à-dire par la correction de la déformation diminue les possibilités de récidives. La chirurgie percutanée est fort utile dans ce genre de pathologie, elle présente des avantages indéniables sur les méthodes traditionnelles plus invasives.

Sinon le traitement est chirurgical, son excision simple expose au risque de récidive. Le traitement étiologique, (voir plus bas traitement chirurgical) par la correction chirurgicale de la déformation est le seul moyen de diminuer les risques de rechute.

Le but alors de l’acte opératoire est la suppression du frottement. La chirurgie percutanée est parfaitement adaptée à cette pathologie.

La « Verrue plantaire »

Appellation topographique, le « durillon » est une zone de souffrance c’est-à-dire d’épaississement de la peau pour la rendre plus «résistante», c’est une « hyperkératose », un « cor », c’est sa topographie qui lui confère le nom de durillon. Il ne fait jamais ou presque jamais suite à une bursite inflammatoire. En revanche, il peut se compliquer d’une surinfection virale par une verrue dite «verrue plantaire ou verrue vulgaire». Sur un pied diabétique souffrant d’ischémie et / ou de neuropathie, il peut donner lieu à un « mal perforant plantaire ».

Traitement : médical et conservateur par excellence, sa cause est « par essence » mécanique : une étude baropodométrique montrera obligatoirement une zone d’hyper appui. Le durillon doit disparaître si les appuis sont bien répartis, et cela se fait par l’association d’une orthèse associé à un chaussage confortable. L’examen baro-podométrique avec et sans semelle s’il est fait deux mois après le port de semelles confectionnées sur mesure, peut traduire cette répartition des appuis. L’échec malgré des semelles bien faites et qui répartit bien les appuis, peut pousser à poser un traitement plus radical : chirurgical.

La « verrue» est une lésion cutanée compliquée d’une infection virale, survenant souvent sur une zone d’hyper appui, c’est une zone où surviennent des frottements répétés, une zone d’hyperkératose. L’humidité, la zone de frottement et la chaleur sont des causes favorisantes.

Le traitement est médical dans la majorité des cas, associé à des mesures d’hygiène pour éviter une réinsertion. Diverses techniques sont proposées, les produits exfoliants, la cryothérapie, la destruction à l’Azote liquide ou au Laser. Mais ceci ne suffit pas dans certains cas. Parfois, il existe plusieurs verrues juxtaposées, ce qui constitue une plaque « verruqueuse ».

L’excision chirurgicale est le dernier recours. L’acte consiste en une résection pure et simple sans fermeture cutanée pour laisser guérir selon une « cicatrisation dirigée » qui peut durer 2 à 8 semaines selon la taille de la lésion.

Dans d’autres cas, une plastie de recouvrement qui consiste en une dissection de proche en proche pour faire jouer l’élasticité de la peau pour la faire glisser.

La chirurgie percutanée est idéalement indiquée à cette pathologie. Elle ne sera jamais plantaire, elle sera étiologique, et corrigera un pied convexe par une DMMO (ou en français OMMD : ostéotomie métaphysaire métatarsienne discale).